5 avril 2009
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Belle oie blanche, je reste persuadée que l'honnêteté ne peut que payer sur le long terme, même en tant qu'agent immobilier. Pourtant, les pratiques douteuses de certains de mes confrères ne leur nuisent pas toujours,car leur chiffre d'affaires souffre souvent moins que le mien. Encore dernièrement, j'ai eu l'occasion de pâtir de la concurrence clairement déloyale de l'un d'entre eux.
L'affaire, que je souhaite vous raconter aujourd'hui, concerne une maison des années 1930, entièrement restaurée dans un village. Ce bien nous pose des problèmes depuis plusieurs mois car, bien qu'étant ancien, il pâtit d'une restauration "moyenne gamme". Les éléments de caractère, recherchés par ma clientèle amoureuse de l'ancien, ont été enlevés (exterminés?). L'intérieur ressemble, à présent, à tout point de vue à un pavillon Bouygues: carrelages blancs premier prix, tapisseries criardes très colorées (jaune d'oeuf, orange, bleu pétrole...) avec frises murales du plus mauvais goût. L'extérieur n'est pas en reste: le ravalement de façade récent a été effectué dans une teinte de jaune "provençal" qui jure avec le reste du paysage, typiquement Sud-Ouest et constitué d'anciennes bâtisses en briques rouges "foraines". La maison propose, quand même, des avantages non-négligeables: fenêtres PVC neuves double-vitrages, garage avec porte automatique, chaufferie dernier-cri et surtout un très bon état, quasi-neuf, pour un acquéreur qui apprécierait la décoration. Un bon daltonien sera, sans aucun doute, séduit par l'absence de travaux et n'aura plus qu'à poser ses valises.
Les propriétaires, pressés de vendre et convaincus à tort que cette méthode accélèrerait la vente, ont confié leur maison à plus de sept agences locales, qui se livrent depuis plusieurs mois, entre elles, une guerre sans merci. Les clefs ont été confiées à l'une d'entre elles et cette dernière s'escrime à ne pas les mettre à la disposition des autres agences. Bref, réaliser une visite relève du miracle. C'est dans ce contexte qu'une institutrice célibataire me contacte. Elle vient de débuter ses recherches et a vu l'annonce de la maison. Elle souhaite visiter. Certes, les photos de l'intérieur ne lui plaisent pas mais elle est prête à refaire la décoration. La peinture ne lui fait pas peur. Je pense alors avoir trouvé la cliente idéale pour la maison. Et je ne me trompe pas: ma 1ère impression se confirme lors de la visite. La cliente adore. Seulement, elle souhaite prendre le temps de visiter une ou deux autres maisons pour s'assurer que c'est bien la première qui lui convient. En partant, elle promet de m'appeler sous 7 jours maximum.
Moins d'un semaine plus tard, fidèle à son engagement, ma clienteme contacte pour me dire que la maison lui plaît toujours. Mais elle est inquiète. Pourquoi diable ne lui avais-je pas dit que la maison s'enfonçait dans le sol?? Je n'étais pas sûre d'avoir bien entendu. Mais comment avait-elle pu avoir une idée pareille? Le sol était ferme et je n'avais, pour ma part, aucune connaissance d'un vice caché de cette ampleur. Alors j'apprends, de la bouche même de la cliente, qu'elle a visité hier une autre maison avec mon confrère que nous allons appeler Monsieur Tricheur. Lorsque elle a évoqué son désir d'acheter la maison 'jaune" visitée avec moi (mais que M.Tricheur a aussi en portefeuille), mon confrère a alors expliqué, sur le ton de la confidence, les défauts préoccupants de la maison en question. Il confia aussi que, parce qu'il "avait honte" de vendre un produit si déplorable en terme de sécurité, il n'osait pas la proposer aux clients et qu'il avait même renoncé à l'afficher dans sa vitrine.
Comment récupérer, derrière ce tissu de mensonges, la vente? En immobilier, la confiance est primordiale et mon confrère avait insinué le doute. Même la venue ultérieure d'un expert en bâtiment indépendant, confirmant la solidité de la contruction, ne réussit pas à rassurer mon institutrice. Elle m'expliqua, confuse, qu'elle renonçait à l'achat car elle ne voulait pas prendre de risques. Et une cliente de perdue...
Deux mois plus tard, un joli panneau "Vendu" du nom de Monsieur Tricheur trônait sur la maison jaune. Ainsi, mon confrère craignait tellement pour la sécurité des clients qu'il n'hésitait pas à la vendre quand même. Malheureusement, pour le propriétaire, cette agence a cassé ma vente alors que ma cliente disposait du budget demandé, et était prête à acheter sans négocier. En ce qui concerne l'offre acceptée, ce même agent a vendu 20 000 euros de moins que la proposition orale que j'avais reçue le premier jour de la visite ( et 20 000 euros de perte sèche pour le propriétaire).
J'appris quelques semaines plus tard que Monsieur Tricheur était coutumier des faits. Lorsqu'un client passe en "deuxième main" dans son agence, il "casse" tout ce que le même client a visité auparavant, surtout si ce que ce dernier a vu ailleurs lui convient. Ainsi, cet agent immobilier malhonnête a même expliqué à un client guadeloupéen, assez superstitieux, que la maison visitée avec une autre agence était hantée ("Personne ne vous le dira, mais tous les propriétaires sont morts dans la maison"). Et le résultat est payant: l'agence récupére ainsi un client à nouveau en recherche, disponible pour de nouvelles propositions de biens, et une maison toujours potentiellement vendable.
Bref, une honte pour notre profession. Je comprends évidemment la mauvaise image des agents immobiliers qui découle de ces exemples véridiques. Mais ces comportements sont bien éloignés de mes habitudes. Pour ma part, j'estime que mon agence s'engage auprès des acquéreurs sur la qualité des biens proposés. Si j'ai un doute, je ne les prends pas en vente dans mon agence. Si j'accepte de m'occuper des biens que je sélectionne, alors il n'est pas sérieux de les dénigrer auprès d'un acquéreur, même si ce dernier a visité avec une autre agence. Question d'honnêteté intellectuelle, de fair-play. J'estime que je travaille en partenariat avec mes propriétaires-vendeurs qui me font vivre. J'ai même pris l'habitude de leur téléphoner lorsque j'apprends que le bien est vendu par un un autre intermédiaire, et ce, simplement pour les féliciter d'avoir vendu. Ainsi, il est important de ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Comme en toute profession, il faut savoir séparer le bon grain de l'ivraie et confier la vente de sa maison à un professionnel irréprochable.
L'affaire, que je souhaite vous raconter aujourd'hui, concerne une maison des années 1930, entièrement restaurée dans un village. Ce bien nous pose des problèmes depuis plusieurs mois car, bien qu'étant ancien, il pâtit d'une restauration "moyenne gamme". Les éléments de caractère, recherchés par ma clientèle amoureuse de l'ancien, ont été enlevés (exterminés?). L'intérieur ressemble, à présent, à tout point de vue à un pavillon Bouygues: carrelages blancs premier prix, tapisseries criardes très colorées (jaune d'oeuf, orange, bleu pétrole...) avec frises murales du plus mauvais goût. L'extérieur n'est pas en reste: le ravalement de façade récent a été effectué dans une teinte de jaune "provençal" qui jure avec le reste du paysage, typiquement Sud-Ouest et constitué d'anciennes bâtisses en briques rouges "foraines". La maison propose, quand même, des avantages non-négligeables: fenêtres PVC neuves double-vitrages, garage avec porte automatique, chaufferie dernier-cri et surtout un très bon état, quasi-neuf, pour un acquéreur qui apprécierait la décoration. Un bon daltonien sera, sans aucun doute, séduit par l'absence de travaux et n'aura plus qu'à poser ses valises.
Les propriétaires, pressés de vendre et convaincus à tort que cette méthode accélèrerait la vente, ont confié leur maison à plus de sept agences locales, qui se livrent depuis plusieurs mois, entre elles, une guerre sans merci. Les clefs ont été confiées à l'une d'entre elles et cette dernière s'escrime à ne pas les mettre à la disposition des autres agences. Bref, réaliser une visite relève du miracle. C'est dans ce contexte qu'une institutrice célibataire me contacte. Elle vient de débuter ses recherches et a vu l'annonce de la maison. Elle souhaite visiter. Certes, les photos de l'intérieur ne lui plaisent pas mais elle est prête à refaire la décoration. La peinture ne lui fait pas peur. Je pense alors avoir trouvé la cliente idéale pour la maison. Et je ne me trompe pas: ma 1ère impression se confirme lors de la visite. La cliente adore. Seulement, elle souhaite prendre le temps de visiter une ou deux autres maisons pour s'assurer que c'est bien la première qui lui convient. En partant, elle promet de m'appeler sous 7 jours maximum.
Moins d'un semaine plus tard, fidèle à son engagement, ma clienteme contacte pour me dire que la maison lui plaît toujours. Mais elle est inquiète. Pourquoi diable ne lui avais-je pas dit que la maison s'enfonçait dans le sol?? Je n'étais pas sûre d'avoir bien entendu. Mais comment avait-elle pu avoir une idée pareille? Le sol était ferme et je n'avais, pour ma part, aucune connaissance d'un vice caché de cette ampleur. Alors j'apprends, de la bouche même de la cliente, qu'elle a visité hier une autre maison avec mon confrère que nous allons appeler Monsieur Tricheur. Lorsque elle a évoqué son désir d'acheter la maison 'jaune" visitée avec moi (mais que M.Tricheur a aussi en portefeuille), mon confrère a alors expliqué, sur le ton de la confidence, les défauts préoccupants de la maison en question. Il confia aussi que, parce qu'il "avait honte" de vendre un produit si déplorable en terme de sécurité, il n'osait pas la proposer aux clients et qu'il avait même renoncé à l'afficher dans sa vitrine.
Comment récupérer, derrière ce tissu de mensonges, la vente? En immobilier, la confiance est primordiale et mon confrère avait insinué le doute. Même la venue ultérieure d'un expert en bâtiment indépendant, confirmant la solidité de la contruction, ne réussit pas à rassurer mon institutrice. Elle m'expliqua, confuse, qu'elle renonçait à l'achat car elle ne voulait pas prendre de risques. Et une cliente de perdue...
Deux mois plus tard, un joli panneau "Vendu" du nom de Monsieur Tricheur trônait sur la maison jaune. Ainsi, mon confrère craignait tellement pour la sécurité des clients qu'il n'hésitait pas à la vendre quand même. Malheureusement, pour le propriétaire, cette agence a cassé ma vente alors que ma cliente disposait du budget demandé, et était prête à acheter sans négocier. En ce qui concerne l'offre acceptée, ce même agent a vendu 20 000 euros de moins que la proposition orale que j'avais reçue le premier jour de la visite ( et 20 000 euros de perte sèche pour le propriétaire).
J'appris quelques semaines plus tard que Monsieur Tricheur était coutumier des faits. Lorsqu'un client passe en "deuxième main" dans son agence, il "casse" tout ce que le même client a visité auparavant, surtout si ce que ce dernier a vu ailleurs lui convient. Ainsi, cet agent immobilier malhonnête a même expliqué à un client guadeloupéen, assez superstitieux, que la maison visitée avec une autre agence était hantée ("Personne ne vous le dira, mais tous les propriétaires sont morts dans la maison"). Et le résultat est payant: l'agence récupére ainsi un client à nouveau en recherche, disponible pour de nouvelles propositions de biens, et une maison toujours potentiellement vendable.
Bref, une honte pour notre profession. Je comprends évidemment la mauvaise image des agents immobiliers qui découle de ces exemples véridiques. Mais ces comportements sont bien éloignés de mes habitudes. Pour ma part, j'estime que mon agence s'engage auprès des acquéreurs sur la qualité des biens proposés. Si j'ai un doute, je ne les prends pas en vente dans mon agence. Si j'accepte de m'occuper des biens que je sélectionne, alors il n'est pas sérieux de les dénigrer auprès d'un acquéreur, même si ce dernier a visité avec une autre agence. Question d'honnêteté intellectuelle, de fair-play. J'estime que je travaille en partenariat avec mes propriétaires-vendeurs qui me font vivre. J'ai même pris l'habitude de leur téléphoner lorsque j'apprends que le bien est vendu par un un autre intermédiaire, et ce, simplement pour les féliciter d'avoir vendu. Ainsi, il est important de ne pas mettre tout le monde dans le même panier. Comme en toute profession, il faut savoir séparer le bon grain de l'ivraie et confier la vente de sa maison à un professionnel irréprochable.